Harmonia axyridis (Pallas 1773)
Par Chloé FRÉDETTE et Vincianne MONOD
Édité par Étienne Normandin
Texte et photographies ©2015 CC BY-SA 4.0, les auteurs
Classification (Hodek & al., 2012)
Règne : Animalia
Phylum : Arthropoda
Classe : Insecta
Ordre : Coleoptera
Sous-ordre : Polyphaga
Infra-ordre : Cucujiformia
Super-famille : Cucujoidea
Famille : Coccinellidae
Sous-famille : Coccinellinae
Tribu : Coccinellini
Genre : Harmonia
Espèce : Harmonia Axyridis
Biologie de l’espèce
Morphologie
Harminonia axyridis (coccinelle asiatique) est un coléoptère que l’on considère d’assez grande taille (Soares & al., 2007). Les ailes antérieures sont modifiées en élytres alors que les ailes postérieures sont bien développées et adaptées pour le vol (fig. 1). Les élytres peuvent afficher l’une des trois formes générales décrites, allant d’une coloration noire à points rouge (f. spectabilis, f. conspicua) à la forme la plus observée et présentée ici, soit rouge avec des points noirs (f. succinea) (Adriaens & al., 2008; Berkvens & al., 2008). Le prototum affiche lui aussi une coloration variant selon 3 patrons généraux : coloration claire avec soit une tache en forme de «M» (fig. 2), soit une «patte de chat», ou de couleur noire avec 2 bandes claires de chaque côtés (San Martin & al, 2005).
Cycle de vie et reproduction
Harmonia axyridis est une espèce holométabole généralement bivoltine (Koch, 2003); cette espèce peut toutefois produire plus de générations par année dépendamment de divers facteurs limitants (Koch & Galvan, 2007). Les adultes vivent généralement d’un à trois mois, mais peuvent parfois survivre jusqu’à trois ans (Koch & Galvan, 2007). L’accouplement se fait au printemps. La femelle peut produire jusqu’à 3 000 œufs dans sa vie, elle les place en petits agrégats proches d’une source de nourriture. Il faut attendre 4 à 5 jours avant l’éclosion des œufs et l’apparition des larves. Celles-ci ont un corps mou et sont morphologiquement très différentes de l’adulte (fig. 3). Le stade larvaire comporte quatre étapes avant que les larves ne se transforment en nymphes où elles s’immobilisent quelques jours sur du feuillage (Koch & Galvan, 2007).
Alimentation et prédateurs naturels
La coccinelle asiatique se nourrit principalement de pucerons (hémiptères aphidoidés) et d’autres insectes à corps mou comme les cochenilles, les psylles et les acariens. Cependant, celle-ci peut aussi se nourrir de larves d’autres espèces de coccinelles ou de larves de lépidoptères (Ternois & al, 2012; ISSG, NBII & IUCN/SS, 2011). Harmonia axyridis est elle-même la proie de nombreux prédateurs vertébrés et invertébrés, notamment de poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères, ou bien d’araignées et divers ordres d’insectes tels les Hemiptera, Diptera, Coleoptera , Neuroptera, Odonata et Hymenoptera.
Habitat et aire de répartition
L’habitat de cette espèce est très diversifié. On la trouve dans de nombreux milieux comme des zones forestières, aussi bien sur les arbres feuillus que résineux, des zones agricoles, des zones ripariennes, des milieux ruraux ou des milieux humides (San Martin & al, 2005; ISSG, NBII & IUCN/SS, 2011); ainsi, le spectre de distribution géographique de la coccinelle asiatique est très large. On peut observer sur la figure 4 sa répartition géographique au niveau mondial, ainsi que son bassin d’origine (Brown & al., 2011). On constate qu’elle est apparue progressivement en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe, mais qu’elle a été peu observée sur le continent africain.
Histoire de la coccinelle asiatique
Harmonia axyridis est originaire d’Asie du Sud-Est et a été introduite petit à petit aux États-Unis à partir des années 60 pour ses qualités comme agent de lutte biologique. L’espèce a colonisé le Canada dès 1994 (Ternois & al, 2012). En Europe également, cette espèce a été introduite volontairement, étant un féroce prédateur des pucerons et autres hémiptères ravageurs des cultures. Sa capacité à vivre dans des milieux et des climats très diversifiés et sa fécondité élevée en font un choix d’autant plus avantageux (San Martin & al, 2005). Finalement, cette coccinelle est facile à nourrir dans des milieux artificiels, ce qui simplifie son élevage et la rend plus attractive économiquement (Ternois & al, 2012; San Martin & al, 2005). Encore aujourd’hui, H. axyridis demeure fortement utilisée pour la lutte naturelle aux ravageurs des cultures.
Problèmes liés à l’espèce/impact
Cette espèce de coccinelle, après avoir été introduite volontairement, est devenue invasive dans les régions en question et a rapidement constitué une menace pour l’équilibre des écosystèmes, notamment pour les espèces indigènes (Soares & al., 2007). En effet, H. axyridis est en compétition avec les espèces indigènes pour la nourriture ainsi que pour les habitats, en plus de se nourrir des larves de ces mêmes espèces (Brown & al., 2008). Harmonia axyridis est alors une espèce prédatrice intraguilde c’est-à-dire qu’elle nuit aux espèces de sa guilde, espèces qui utilisent des ressources identiques (San Martin & al, 2005). Au Canada, plus de 60% des coccinelles sont représentées par deux espèces importées dont H. axyridis (San Martin & al, 2005). Par ailleurs, ces coccinelles colonisent les habitations lorsqu’elles se regroupent pour passer l’hiver dans un environnement abrité. Finalement, lorsque la nourriture manque en fin de saison, il a été démontré qu’Harmonia axyridis peut aussi s’attaquer à des fruits cultivés à des fins commerciales ce qui peut constituer un fort manque à gagner (ISSG, NBII & IUCN/SS, 2011).
Références
Adriaens, T., San Martin, G. & Gomez, D.M. (2008). Invasion history, habitat preferences and phenology of the invasive ladybird Harmonia axyridis in Belgium. Biological Control to Invasion: the Ladybird Harmonia axyridis as a Model Species, p.69-87.
Berkvens, N., Bonte, J., Berkvens, D., Tirry, L. & De Clercq, P. (2008). Influence of diet an photoperiod on development and reproduction of European populations of Harmonia axyridis (Pallas) (Coleoptera: Coccinellidae). Biological Control to Invasion: the Ladybird Harmonia axyridis as a Model Species, p.211-221.
Brown, P.M.J., Adriaens, T., Bathon, H., Cuppen, J., Goldarazena, A., Hagg, T., Kenis, M., Klausnitzer, B.E.M., Kovar, I., Loomans, A.J.M., Majerus, M.E.N., Nedved, O., Perdersen, J., Rabitsh, W., Roy, H.E., Ternois, V., Zakharov, I.A. & Roy, D.B. (2008). Harmonia axyridis in Europe : spread and distribution of a non-native coccinelid. Biological Control to Invasion: the Ladybird Harmonia axyridis as a Model Species, p.5-21.
Brown, P.M.J., Thomas, E.C., Lombaert, E., Jeffries, L.D., Estoup A., Handley L.L-J. (2011). The global spread of Harmonia axyridis (Coleoptera: Coccinellidae) : distribution, dispersal and routes of invasion. BioControl, 56 : p.623–641 DOI10.1007/s10526-011-9379-1
Hodek, I., van Emden, H.F. & Honek, A. 2012. Ecology and Behaviour of the Ladybird Beetles (Coccinellidae). Royaume-Uni : Willey-Blackwell. 526 p.
Invasive Species Specialist Group (ISSG), National Biological Information Infrastructure (NBII) & IUCN/SSC. 2011. Repéré à : http://www.issg.org/database/species/ ecology.asp?fr= 1&si=668
Koch L.R. 2003. The multicolored Asian lady beetle, Harmonia axyridis: A review of its biology, uses in biological control, and non-target impacts. Journal of Insect Science, 3 (32) : p.16.
Koch, L.R. & Galvan, L.T. 2007. Bad side of a good beetle: the North American experience with Harmonia axyridis. Biological Control to Invasion: the Ladybird Harmonia axyridis as a Model Species, p.22-35
San Martin, G., Adriaens, T., Hautier, L. et Ottart, N. 2005. La Coccinelle asiatique : Harmonia axyridis. Insectes 136 (1) : p.7-11.
Soares, A.O., Borges, I., Borges P.A.V., Labrie, G. & Lucas, É. (2008). Harmonia axyridis : what will stop the invader? Biological Control to Invasion: the Ladybird Harmonia axyridis as a Model Species, p.127-145.
Ternois, V. et al. 2012. Observatoire permanent pour le suivi de la Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (Pallas, 1773) en France. Repéré à : http://pagesperso-orange.fr/ vinc.ternois/cote_nature/Harmonia_axyridis/