Syrphus ribesii (Linnaeus 1758)
Par Grégoire G. BONENFANT et Antoine MATHIEU
Texte et images ©2017 CC BY-SA 4.0, les auteurs
Classification
Classe : Insecta
Ordre : Diptera
Famille : Syrphidae
Sous-famille : Syrphinae
Tribu : Syrphini
Genre : Syrphus
Espèce : ribesii (Linnaeus, 1758)
selon BugGuide.net
Identification et morphologie
Tout d’abord, la présence d’haltères et d’une seule paire d’ailes indique que l’individu est un diptère. Il s’agit donc ici d’une mouche mimétique qui imite une guêpe (ou autre hyménoptère à l’abdomen strié). En regardant l’aile de plus près, on observe la présence d’une fausse nervure (appelée « spurious vein ») entre les nervures radiales et médianes, ce qui est un trait distinctif de la famille des Syrphidae, une famille de mouches mimétiques. (BugGuide.net)
Il existe, pour tous les syrphes néarctiques (c.-à-d. de l’Amérique du Nord), une clé d’identification produite par la Revue Canadienne de l’Identification des Arthropodes permettant d’identifier les genres. Pour trouver le genre de notre espèce, il faut observer des caractéristiques particulièrement précises comme l’absence de poil sur le postpronotum et l’anepisternum (voir figure 2).
On observe aussi la présence de poils longs sur la surface dorsale du calypter inférieur. Cette caractéristique est distinctive pour le genre Syrphus auquel appartient Syrphus ribesii.
D’autres caractéristiques plus simples à observer permettent d’identifier le groupe Syrphus. Notamment l’absence de bandes poilues à l’apparence de velours sur les tergites abdominaux, la face principalement jaune, la marge arrière de l’œil ronde ainsi que l’absence de poil sur l’œil, la veine R4+5 de l’aile plus droite que courbée ainsi que le scutum pigmenté de façon unie. Aussi, l’abdomen se doit d’être ovale, plutôt que mince et effilé, et il doit porter des bandes colorées relativement droites allant jusqu’à l’extrémité de l’abdomen.
Comme on peut le constater à la lumière du paragraphe ci-dessus, l’identification du groupe à elle seule nécessite une connaissance étendue du vocabulaire spécifique ainsi qu’une observation minutieuse du spécimen.
Pour l’identification de l’espèce au sein du genre, la clé de Vockeroth est toute indiquée. On peut trouver l’espèce Syrphus ribesii grâce aux caractéristiques suivantes:
- la cellule bm de l’aile porte des poils (voir figure 1)
- l’œil ne porte presque pas ou pas de poil
- les tergites sont bordées de lisérés jaunes « seulement aux extrémités des taches ou des bandes jaunes » (Vockeroth 1992, pp.368-370)
On peut aussi identifier le sexe de notre individu, toujours selon la clé de Vockeroth. En effet, le fémur postérieur des mâles doit être noir sur les trois-quarts basilaires alors que le fémur du spécimen présent est entièrement jaune. Ceci concorde aussi avec la condition selon laquelle le fémur (toujours postérieur) des femelles doit être jaune au moins dans la moitié basilaire (Vockeroth, 1992). Le spécimen est donc de sexe féminin.
Biogéographie
Le plus vieux spécimen retrouvé du genre Syrphus fut découvert aux États-Unis dans l’état du Wyoming. Il date d’entre 50.3 Ma et 46.2 Ma, lors de la période du Paléogène (The Paleobiology Database). De nos jours, l’espèce Syrphus ribesii est communément retrouvée sur la majorité des terres situées au nord du tropique du Cancer, de l’Alaska jusqu’à la côte est du continent nord-américain s’étandant, à sa limite sud, au Mexique (Vockeroth 1992). Aussi bien représentée en Europe, on peut la retrouver de la Scandinavie à la Méditerranée et de l’Irlande à la Turquie. L’étendue se poursuit en Asie, de l’Oural à la Côte Pacifique, de même qu’au Japon (Syrphidae Community Website).
Sous la forme adulte, Syrphus ribesii est retrouvée en milieux perturbés par les humains comme « […] les fermes, vergés, milieux horticoles, jardins, parcs, plantations de conifères ; ainsi que la plupart des types de forêts décidues et de conifères. » (Syrphidae Community Website).
Biologie
Syrphus ribesii possède un cycle de vie permettant 2 à 3 générations par année (E.H. Strickland Entomological Museum). Ce cycle est très simple : suite à l’éclosion de l’œuf, il y a 3 stades larvaires (Syrphidae Community Website), suivis de la formation d’une pupe d’où émergera l’adulte. Une fois adulte, 7 à 8 jours sont nécessaires à la femelle afin de pouvoir pondre ses œufs. L’accouplement se fait en plein vol et ne dure que 2 secondes (E.H. Strickland Entomological Museum).
À l’automne, lorsque le froid commence, les adultes migrent vers le sud, tandis que les larves tombent au sol et se réfugient sous la litière humide. Ces dernières sont fortement tolérantes au froid, pouvant survivre à des températures descendant jusqu’à -35°C pendant de courtes périodes (Hart et Bale, 1997). Cette caractéristique est particulièrement importante dans les régions où la migration n’est pas possible, permettant ainsi à l’espèce de survivre l’hiver. Au printemps, la température se réchauffe, ce qui permet le retour d’une partie des adultes ayant migré vers le sud. Au même moment, les larves, ayant passé l’hiver au froid, émergent de la litière en tant qu’adultes (Hart et Bale, 1997).
La larve se nourrit d’une grande variété d’espèces parmi, entre autres, les genres Aphis, Cinara, Macrosiphum et Pemphigus qui font partie du groupe des Aphidoidea, mieux connus sous le nom de pucerons (Vockeroth, 1992). Ce stade de vie est aussi très vulnérable aux prédateurs, dont certains parasitoïdes comme les familles « […] de Braconidae, de Chalcididae, de Proctotrupidae, de Encyrtidae et de Ichneumonidae » (E.H. Strickland Entomological Museum).
L’adulte mâle ne se nourrit pas et préfère voler en groupe. Toutefois, les femelles se nourrissent de nectar et de miellat (Espace pour la vie) et permettent ainsi la pollinisation d’une vaste variété de plantes, « […] incluant les composés, les ombellifères ainsi que les fleurs de plusieurs arbres et arbustes » (Syrphidae Community Website).
La ressemblance aux hyménoptères, comme les abeilles et les guêpes, distingue les individus de la famille des syrphidés des autres diptères. Cela leur permet d’échapper à certains prédateurs, comme les oiseaux. Que ce soit au niveau des couleurs, de la forme du corps ou encore du comportement, la tromperie du mimétisme batésien peut parfois être très spécifique, c’est-à-dire ressembler à une autre espèce précise de la même région comme chez Volucella bombylans, ou plus générale (Vockeroth, 1992). En ce qui a trait à Syrphus ribesii, l’alternance de jaune et de noir sur l’abdomen représente bien le patron de couleurs des hyménoptères, mais il n’est spécifique à aucune espèce.
Bibliographie
BugGuide.net. Species Syrphus ribesii. URL: https://bugguide.net/node/view/681408
BugGuide.net. Wing venation – Eristalis. URL: https://bugguide.net/node/view/240586
E.H. Strickland Entomological Museum – Species Page – Syrphus ribesii. URL: http://entomology.museums.ualberta.ca/searching_species_details.php?s=5835
Espace pour la vie Montréal – Insectarium – Syrphes. URL: http://espacepourlavie.ca/insectes-arthropodes/syrphes
HART, A. and BALE, J. (1997), Evidence for the first strongly freeze-tolerant insect found in the U.K.. Ecological Entomology, 22: 242–245. doi:10.1046/j.1365-2311.1997.t01-1-00048.x URL: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.1365-2311.1997.t01-1-00048.x/pdf
Miranda, G.F.G, Young, A.D., Locke, M.M., Marshall, S.A., Skevington, J.H., Thompson, F.C. 2013. Key to the Genera of Nearctic Syrphidae. Canadian Journal of Arthropod Identification No. 23, 23 August, 2013. URL: http://www.biology.ualberta.ca/bsc/ejournal/mylmst_23/mylmst_23.html. doi: 10.3752/cjai.2013.23
The Paleobiology Database. Syrphus. URL: https://paleobiodb.org/classic/checkTaxonInfo?taxon_no=139166&is_real_user=1
Syrphidae Community Website. Syrphus ribesii (Linnaeus). URL: http://syrphidae.myspecies.info/taxonomy/term/399/descriptions
Vockeroth J.R. (1992). The Insects and Arachnids of Canada part 18 – The Flower Flies of the Subfamily Syrphinae of Canada, Alaska, and Greenland – Diptera: Syrphidae. URL: http://publications.gc.ca/pub?id=9.811395&sl=1