Bombus impatiens Cresson 1863

Bombus impatiens Cresson 1863

Par Olivier Desbiens et Giuliano Lafrenière Di Fruscia

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Bombus impatiens femelle ouvrière capturée à la Station de Biologie des Laurentides à St-Hippolyte, le 1r Septembre 2016.

Bombus impatiens, le bourdon commun de l’est, est une espèce qui a été décrite par Cresson en 1863. Bombus en latin veut dire bruit retentissant et résonnant. Impatiens en latin fait référence aux plantes du genre Impatiens dont Bombus impatiens visite souvent durant ses récoltes de nectar.

L’espèce est commune sur la côte Est de l’Amérique du Nord mais démontre des concentrations plus élevées dans la côte nord-est américaine, dont les états de New York, New Jersey et le Massachusetts. Contrairement à d’autres polinisateurs, Bombus impatiens n’est pas en déclin mais en augmentation en terme d’abondance et de distribution géographique (Colla et al., 2008).

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Impatiens walleriana, souvent fréquentée par le bourdon Bombus impatiens, d’où vient l’origine de son nom. Photo par André Karwath [CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons]

Identification

Pour différencier Bombus impatiens des autres bourdons du genre Bombus, il a fallut porter attention aux caractères suivants: l’abdomen est divisé en 6 parties (T1 à T6) qui peuvent être colorées soit de poils jaunes ou noirs. Chez Impatiens, le segment T1 est jaune pâle et les segments T2 à T6 sont noirs. Un autre caractère qui permet de différencier Impatiens des autres espèces est l’espace malaire; dans Bombus impatiens, l’espace malaire entre le point d’attachement de la mandibule et le dessous de l’oeil est plus court que la largeur de la base de la mandibule qui ne serait pas toujours le cas chez les autres espèces de Bombus. Ensuite, chez impatiens, les tarsomères des pattes ont une extrémité postérieure arrondie. Les poils du thorax sont généralement jaunes et courts mais démontrent une couleur noire près de la base des ailes. (Colla et al., 2008). Le mâle se différencie de la femelle ouvrière en ayant 7 segments abdominaux ainsi que 12 segments chez l’antenne. Chez la femelle, l’abdomen possède 6 segments et l’antenne, 12 segments. La reine possède les mêmes caractéristiques que la femelle mais est significativement plus grande que le mâle et la femelle ouvrière (Colla et al., 2008).

Cycle de vie

Les différents membres de Bombus impatiens sont divisés en castes selon leurs fonctions. La reine s’occupe de la reproduction. Elle s’accouple à un mâle au début de l’automne pour ensuite chercher un site approprié où y hiberner et y passer l’hiver. Au printemps, la reine débutera la ponte de ses œufs dans un début de ruche où les femelles ouvrières émergeront. Après leurs pontes, le développement larvaire dure à peu près 5 semaines et est dépendant de la température et de la quantité de nourriture. Lorsque l’été avance, la colonie contient le maximum de travailleurs et commence à produire des mâles et des futures reines. Les mâles s’accoupleront aux jeunes reines. Les reines commenceront leurs recherches d’un endroit pour y hiberner alors que le reste de la colonie incluant les femelles ouvrières et les mâles seront tué par le froid de l’hiver. Chaque reine ne vit qu’une génération alors la continuité des générations dépend des nouvelles reines pondues en été (Colla et al, 2008).

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Accouplement d’une femelle reine et d’un mâle. Photo prise et publié avec la permission de Khalil Abas au Parc National d’Oka le 16 octobre 2016.

Biologie

Les bourdons ont la rare capacité, parmi les insectes, de choisir leur mode de thermorégulation: ils peuvent être ectothermes, c’est-à-dire réguler leur propre température à l’aide de sources de chaleur externes, comme le soleil, ou encore ils peuvent être endothermes: ils génèrent leur propre chaleur par leurs muscles thoraciques en frissonnant afin d’atteindre une température de vol optimale de 30˚C.

Les membres du genre Bombus dépendent entièrement des angiospermes; les adultes utilisent le nectar comme carburant pour le vol et donnent le pollen aux larves pour leur développement. Leur choix de plantes est gouverné par la longueur de leur langue afin de maximiser la rapidité de l’extraction du nectar (ils préfèrent une profondeur équivalent à la longueur de leur langue). Cette préférence pour certains types de plantes réduit la compétition inter-espèce. Dû à leur cycle de vie prolongé, les bourdons doivent être généralistes.

Pour optimiser cette relation avec les plantes à fleur, ils ont développé une technique de pollinisation vibratile; une technique efficace pour recueillir le pollen en le faisant tomber des anthères grâce aux vibrations qu’ils émettent.

Les bourdons ne présentent pas de mémoire limitante: les habiletés à polliniser une plante sont retenues dans la mémoire à long terme pour des semaines même si elles ne sont pas utilisées. Par exemple, des individus de B. impatiens entraînées pour passer à travers un labyrinthe ont retenu l’habileté de manipuler une plante pour un minimum de 20 jours même si elle n’a pas été utilisée durant cette période (Chittka, 1998).

Impacts dans les écosystèmes

Les espèces de bourdons sont des importants pollinisateurs dans les champs agriculturaux et dans les serres. Contrairement aux abeilles à miel, elles sont capables de polliniser dans des conditions de froid, de pluie, et nuageuses. En conséquence à leur caractéristique généraliste, les bourdons ont visité des centaines d’espèces de plantes natives et pollinisent, entre autre, les plants de tomates, poivrons, fraises, bleuets, concombres.

Des études récentes prouvent la capacité étonnante de pollinisation des bourdons: Une étude suggère que 7-15 colonies de B. impatiens par hectare (équivalent à à peu près 2000 aller-retour de bourdons par hectare par jour) sont suffisants pour la pollinisation de tomates en serre (Morandin et al., 2001). À des fins de comparaisons, des essais fait en Europe, Amérique du Nord et Nouvelle Zélande démontrent que seulement 5 colonies de B. impatiens par hectare de plants de bleuets est équivalent à 7,5 colonies d’abeilles à miel par hectare, même si les bourdons ont beaucoup moins d’ouvrières par colonie (Goulson, 2003).

Bombus impatiens a été domestiqué et produit industriellement pour polliniser les plants de tomates et de poivrons en serre au début des années 1990. Cette espèce est actuellement transportée hors de sa distribution géographique, notamment en Californie et au Mexique (Goulson, 2003).

Bibliographie

Colla, S., Richardson, L., Williams, P. (2008). Bumble Bees of the Eastern United States. United States Department of Agriculture. Article Web consulté le 21 octobre 2016 au http://www.xerces.org/wp-content/uploads/2008/09/Eastern_Bumble_Bee.pdf

Chittka, L. (1998).  Sensorimotor learning in bumblebees: Long-term retention and reversal training. J. Exp. Biol. 201, 515-524.

Goulson, D. (2003). Bumblebees behavior and ecology. Oxford University Press, New York.

Morandin, L.A., Laverty, T.M., and Kevan, P.G. (2001). Bumble bee (Hymenoptera: Apidae) activity and pollination levels on commercial tomato greenhouses. J. Econ. Entomol. 94, 462-467

Photo impatiens walleriana par André Karwath [CC BY-SA 2.5 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5)], via Wikimedia Commons. Photo enregistré le 21 octobre 2016 au https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Impatiens_walleriana_-_blossom_(aka).jpg