Cicindela punctulata Oliver 1790

Cicindela punctulata Oliver 1790

La cicindèle ponctuée

Par Katherine Monette et Guillaume Trépanier (Édité par Étienne Normandin)

Texte et images des figures 1, 3 et 4 ©2014 CC BY-SA 4.0, les auteurs.

Les autres images sont propriétés de M. Jean Brodeur et M. Stephen Cresswell. Elles sont respectivement issues de ces sites Web:

http://jeanbrodeur.smugmug.com/Insectes-du-Quebec/Les-Cicindeles-du-Quebec/i-cfBhK9Z

http://www.americaninsects.net/b/cicindela-punctulata.html


 

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Classification (University of Alberta, 2014)

Règne->Animalia

Embranchement->Arthropoda

Sous-embranchement->Hexapoda

Classe->Insecta

Sous-classe->Pterygota

Infra-classe->Neoptera

Ordre->Coleoptera

Sous-orde->Adephaga

Famille->Carabidae

Sous-famille->Cicindelinae

Tribu->Cicindelini

Genre->Cicindela

Espèce->Cicindela punctulata Oliver 1790

Capture et identification

Le spécimen a été capturé à la main à la Station de Biologie des Laurentides de l’Université de Montréal en date du 4 septembre 2014. La cicindèle a été trouvée sur un sol sablonneux parsemé de brins d’herbe, pendant qu’elle courrait. Elle a été identifiée grâce à quelques critères clés qu’elle présentait. Premièrement, la présence d’élytres a indiqué qu’il s’agissait d’un coléoptère. Deuxièmement, l’insecte possédait des pièces buccales broyeuses d’une grande taille et des yeux tout aussi impressionnants (voir les figures 1 et 2). Ces caractères combinés à la grande vitesse à laquelle allait l’individu durant sa course ont dirigé l’identification vers les 13 espèces de cicindèles du Québec. La coloration de l’individu et principalement la rangée de petites fosses longitudinales verdâtres bordant la marge centrale de chaque élytre ont permis l’identification du spécimen (voir les figures 3 et 4).

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Figure 1: Photographie de la tête du spécimen.

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Figure 2: Tête d’une Cicindèle ponctuée, Cicindela punctulata, photographiée par Stephen Cresswell ©.

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Figure 3: Photographie de la face dorsale du spécimen.

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Figure 4: Photographie de la face ventrale du spécimen.

 Description de l’espèce

Les adultes, mesurant entre 11 et 14 mm, possèdent une face dorsale de couleur brunâtre, dont l’apparence ressemble à du cuir. La face ventrale est pour sa part verdâtre et métallique. L’espèce est reconnaissable grâce à une rangée de petites fosses, dont le nombre varie d’un individu à l’autre, le long de la marge médiane de chacune de ses élytres et près du scutellum (partie du thorax de forme triangulaire située à la jonction des élytres) (voir la figure 5). Des points blancs peuvent également être observés sur la marge postérieure de ces dernières (voir la figure 6). Cicindela punctulata possède peu de poils et, lorsque manipulée, elle dégage une odeur sucrée ressemblant à celle de la pomme (Leonard et Bell, 1998).

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Figure 5: Vue dorsale d’un spécimen (photographie par Stephen Cresswell ©).

cicindèle ponctuée ,cicindela punctulata, 0846, st-hugues, ete 2010

Figure 6: Spécimen présentant des points blancs sur les marges postérieures des élytres (photographie par Jean Brodeur ©).

 Reproduction et cycle vital

La Cicindèle ponctuée est active de jour comme de nuit et est attirée par la lumière. La plupart des individus ont un cycle de vie se complétant en un an. Les adultes sont présents de la fin juin jusqu’en octobre et un pic d’abondance a lieu en juillet. Ce pic d’abondance correspond à la période de reproduction de l’espèce, la ponte des oeufs s’effectuant en fin juillet dans de l’humus dur et sec (USA National Phenology Network, 2014). Les larves, qui éclosent quelque temps plus tard, sont carnivores, tout comme l’imago. Elles se creusent un terrier vertical et s’y terrent, en laissant leurs pièces buccales grandes ouvertes à la surface. Elles attendent ensuite qu’un insecte passe pour le capturer et l’emmener au fond de leur terrier, pouvant atteindre jusqu’à trente centimètres de profondeur, où la proie est ensuite tuée et dévorée. La larve possède des crochets, sur le cinquième segment abdominal, qui ont une fonction d’ancrage empêchant ainsi la larve d’être entraînée hors de son terrier advenant qu’elle capture un insecte de taille supérieure à elle-même (Borror et al., 1989). En septembre, les larves atteignent le troisième stade larvaire puis entrent dans le cycle d’hivernage. Au début du printemps suivant, les larves reprennent leur chasse passive pour se nourrir avant de se transformer en pupe et d’émerger à la fin du mois de mai ou en juin (USA National Phenology Network, 2014).

Voici, ci-dessous, le lien d’une vidéo d’une larve se nourrissant.

 https://www.youtube.com/watch?v=vQgfjE0vDRk

Habitat et distribution

Cicindela punctulata est l’espèce la plus répandue en Amérique du Nord . Elle est présente au Mexique, dans la majeure partie des États-Unis ainsi que dans quelques provinces canadiennes allant de l’Alberta jusqu’en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. D’ailleurs, au Québec, l’espèce est retrouvée principalement au sud de la province (voir la figure 7). La Cicindèle ponctuée est généraliste et est retrouvée dans divers habitats . À l’est de l’Amérique de Nord, elle est retrouvée sur les sols nus, secs et cultivés, les zones herbeuses, les routes, les secteurs sablonneux et les régions perturbées par l’humain . À l’ouest, l’espèce est plutôt retrouvée dans les milieux humides en bordure des lacs et des rivières (Pearson et al., 2006).

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Figure 7 : Distribution de Cicindela punctulata dans la province de Québec (Leonard et Bell, 1998).

Protection et statut

Cicindela punctulata est l’espèce de cicindèle la plus répandue en Amérique du Nord et n’est dotée d’aucun statut de protection particulier.

Faits intéressants sur les cicindèles en général

On compte environ 2 600 espèces de cicindèles dans le monde et ces dernières sont les insectes coureurs les plus rapides. En effet, la plus rapide cicindèle court à une vitesse de 8km/h. Ceci peut sembler peu rapide, mais cela correspond à 120 fois la longueur de son corps par seconde. En comparaison, Usain Bolt, un des athlètes les plus rapide au monde, couvre seulement 5 fois la longueur de son corps par seconde. Cela rend donc les cicindèles, à taille égale, environ 25 fois plus rapides que les «sprinters» olympiens. Étonnamment, lors de leur course, les cicindèles vont si vite que leurs yeux ne peuvent recueillir suffisamment de lumière pour former des images claires. Elles sont donc complètement aveugles pendant leurs mouvements. Elles doivent alors s’arrêter, localiser de nouveau leur proie et reprendre leur chasse. Malgré le fait qu’elles doivent s’arrêter, elles réussissent tout de même à rattraper leur proie tant elles sont rapides. Les cicindèles ont d’ailleurs développé une stratégie afin d’éviter d’entrer en collision avec des obstacles en maintenant leurs antennes droit devant elles. Elles se déplacent à une vitesse trop grande pour pouvoir changer de direction, mais en sentant les obstacles avec leurs antennes, elles basculent leur corps vers le haut et passent par dessus ceux-ci (Ed Yong, 2014).

Les cicindèles sont surnommées, en anglais, les «tiger beetles», ce qui signifie littéralement «coléoptères tigres». Elles portent d’ailleurs très bien leur nom puisqu’elles sont de redoutables prédateurs. Elles possèdent de longues pattes fines, de grands yeux proéminents et, surtout, une impressionnante paire de mandibules (voir le vidéo en lien ci-dessous). Les cicindèles chassent au sol et se nourrissent de tout ce qu’elles trouvent dont des fourmis, des cicadelles, des larves et d’autres coléoptères. Les cicindèles sont également appelées les «tiger beetles» en raison de leur patron de coloration extrêmement varié (voir la figure 8) leur donnant une apparence exotique et leur servant à se camoufler ou effrayer leurs prédateurs (Fitzgerald, 2007).

Vidéo des mandibules et de la consommation d’une proie:

https://www.youtube.com/watch?v=rae-R7v_ij8 

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Figure 8: Photographies démontrant la variété des patrons de coloration observés chez les cicindèles.


Références:

Borror, Donald J., Charles A.Triplehorn et Norman F. Johnson. 1989. An introduction to the study of insects. Saunders College Publishing. Philadelphie. 875 p.

Ed Yong. 2014. (Page consultée le 23 octobre 2014). Meet The Predator That Becomes Blind When It Runs After Prey. (En ligne). http://phenomena.nationalgeographic.com/2014/02/04/tiger-beetles-become-blind-when-they-run/

Fitzgerald, Kevin. 2007 (Page consultée le 24 octobre 2014). Tiger Beetles Tiny Terrors. (En ligne). http://www.sciences360.com/index.php/tiger-beetles-tiny-terrors-3-23094/

Leonard, Jonathan G. et Ross T. Bell. 1998. Northeastern Tiger Beetles: A Field Guide to Tiger Beetles of New England and Eastern Canada. CRC Press. États-Unis. 192p.

Pearson, David L., C. Barry Knisley et Charles J. Kazilek. 2006. A Field Guide to the Tiger Beetles of the United States and Canada: Identification, Natural History, and Distribution of the Cicindelidae. Oxford University Press, Inc. New York. 227p.

University of Alberta. 2014. (Page consultée le 9 octobre 2014). Hierarchical search. (En ligne). http://entomology.museums.ualberta.ca/hierarchy/index.php?s=86&sn=Cicindela+punctulata&cat=86

USA National Phenology Network. 2014 (Page consultée le 18 octobre 2014).  Cicindela punctulata. (En ligne). https://www.usanpn.org/nn/Cicindela_punctulata