Notonecta borealis (Bueno et Hussey 1923)
La Notonecte boréale | The Northern Back-swimmer
Par David DENIS & Charles LAROUCHE-BILODEAU
(édité par Étienne Normandin)
Textes et photographies réalisés par les auteurs. © 2015 CC BY-SA 4.0
Identification et morphologie
Lors de la capture de notre spécimen, nous (édité par Étienne Normandin) croyions au départ qu’il s’agissait d’un coléoptère puisqu’il avait été capturé au sein de ce groupe et qu’il exhibait une morphologie sommaire assez similaire. Cependant, lorsque nous sommes arrivés au laboratoire, notre erreur a été vite mise en évidence.
Après une première observation, on peut distinguer des caractères importants qui permettent de classer notre spécimen dans le sous-ordre des Heteroptera. La présence d’un pronotum large et arrondi combinée à la présence d’un scutellum triangulaire sont des premiers indices. On peut également voir que la paire d’ailes antérieures est sclérifiée (durcissement) à la base et qu’il s’agit donc d’hémélytres. Un rostre prognathe, destiné à la prédation, est également présent sur l’insecte.
Nous utilisons par la suite un guide d’identification des Heteroptera aquatiques (Epler, 2006). Le premier critère est la longueur des antennes, qui sont dans notre cas plus courtes que la largeur de la tête.
Après avoir identifié la famille des Notonectidae, deux genres sont possibles: Notonecta et Buenoa (qui sont également les seuls genres présents dans la région de capture). La différence majeure est la présence d’un creux situé au croisement des hémélytres dans le haut de la partie dorsale. Comme il est absent, il s’agit du genre Notonecta. Comme la clé d’identification est pour les espèces de Floride, nous ne nous attendons pas à la trouver parmi la liste. Un guide des insectes du Québec (Dubuc, 2007) nous a donc permis de poursuivre l’identification. D’après les photos et les caractéristiques, N. borealis nous semblait correspondre à notre spécimen. Une visite dans la collection Ouellet-Robert a confirmé l’hypothèse sur l’identité de l’individu.
Classification
Notre individu appartient donc au genre Notonecta. Ce nom est formé des mots «Noto» et «Necta» qui signifient respectivement «le dos» et «nageur» Il fait également parti de l’espèce borealis qui provient du latin «borea» qui attrait au nord. Les Nepomorpha sont l’infra-ordre qui comprend les insectes aquatiques, et les Notonectidae sont par étymologie les «backswimmers».
Règne : Animalia
Embranchement : Arthropoda
Sous-embranchement : Hexapoda
Classe : Insecta
Ordre : Hemiptera
Sous-ordre : Heteroptera
Infra-ordre : Nepomorpha
Super-famille : Notonectoidea
Famille : Notonectidae
Genre : Notonecta (Linnaeus 1758)
Espèce : Notonecta borealis (Bueno & Hussey 1923)
Biologie de l’espèce
Comme les autres membres de la famille notonectidae, les notonectes boréales sont des prédateurs aquatiques de lac et de cours d’eau lent. Ils sont également capables de voler afin de se disperser et changer de point d’eau.
Ils se nourrissent de tous les animaux qu’ils peuvent capturer, que ce soit des invertébrés, des têtards et même de petits poissons. Comme les autres hémiptères, les notonectes possèdent des pièces buccales en forme de rostre qu’ils utilisent pour percer la peau de leurs proies, qu’ils capturent avec leurs deux paires de pattes avant, et puis ils sucent leurs fluides internes.
Au repos et lors de la traque de proies, les notonectes ont une manière très particulière de se positionner. Si les patineuses (Gerridae) glissent sur la surface de l’eau, les notonectes, elles, sont de l’autre côté de la paroi aqueuse (eau), à l’envers (voir photo). Ainsi, pour respirer, les notonectes remontent à la surface, la face ventrale dirigée vers la surface de l’eau, et laissent la pointe de leur abdomen percer la surface tout en conservant la partie avant du corps pointé vers le fond. Ensuite, ils stockent des bulles d’air sur et sous leurs hémélytres. Leurs yeux sont adaptés pour avoir une excellente vision dans cette position de repos. En effet, ils ont deux zones de haute acuité visuelle; une diriger vers l’avant de l’animal, donc vers le fond de l’eau, et les proies potentielles, et l’autre vers la face ventrale de l’animal, donc hors de l’eau. Dans cette position de repos, ils surveillent le fond dans l’attente d’une proie. Puis, avec leurs pattes arrière en forme de rames, ils se propulsent de façon saccadée, mais précise vers leur futur repas.
Références :
- Durfee, R. S., Kondratieff, B. C., & Livo, L. J. (1999). New records of aquatic Heteroptera for Colorado: Notonectidae, Pleidae, Corixidae. Entomological news, 110(4), 243-245. (Lien)
- Hungerford, H. B. (1933). Genus Notonecta of the world (Notonectidae – Hemiptera). The University of Kansas science bulletin, 21(1), 5-196. (Lien)
- Tony-2, Cotinis & V Belov. (2005). Bug Guide – Genus Notonecta. Iowa state University’s Department of Entomology. (Lien)
- Epler, J. H. (2006). Identification manual for the aquatic and semi-aquatic heteroptera of florida. State of Florida’s Department of Environmental Protection. Tallahassee. (Lien)
- Dubuc, Y. (2007). Les insectes du Québec : Guide d’identification. Saint-Constant : Broquet.
- Site internet d’identification et d’écologie des insectes d’eau douce australien, consulté le 1/11/2015 lien
- Schmidt-Nielsen K. (1997), Animal Physiology: Adaptation and Environment [version google book] lien consulté le 1/11/2015
- Schwind, R. (1980). Geometrical optics of the Notonecta eye: Adaptations to optical environment and way of life. Journal of comparative physiology, 140(1), 59-68.