Protichneumon grandis (Brullé 1846)
Texte et identification du spécimen par Alexandra ANGERS et Eric GUERRA-GRENIER (édité par Étienne Normandin)
CLASSIFICATION (1)
Ordre: Hymenoptera
Sous-Ordre: Apocrita
Superfamille: Ichneumonoidea
Famille: Ichneumonidae
Sousfamille: Ichneumoninae
Tribu: Heresiarchini
Sous-tribu: Protichneumonina
Genre: Protichneumon
Espèce: Protichneumon grandis (Brullé 1846)
Bien que comportant souvent un intérêt pour les photographes amateurs, l’espèce de parasitoïde Protichneumon grandis, seule espèce de son genre au Québec (2), ne semble pas faire le sujet de beaucoup d’études scientifiques. De plus, les taxonomistes ne s’entendent pas sur l’identification de cette espèce, stipulant l’existence de divers écotypes partageant une grande variation morphologique (3). Malgré cela, il est possible de synthétiser les informations actuelles sur cette espèce.
Identification :
Afin d’identifier un spécimen de Protichneumon grandis, soit un insecte hyménoptère faisant partie du groupe paraphylétique des «Parasitica», plusieurs critères importants peuvent être utilisés. D’abord, l’identification d’un spécimen comme membre de la super-famille des Ichneumonoidae, peut se faire relativement facilement grâce à plusieurs critères morphologiques. Par exemple, tous les membres de cette super-famille possèdent des antennes comportant un minimum de 16 articles plutôt que 12 ou 13 articles chez les autres hyménoptères (4). Aussi, on peut observer chez ce groupe que le trochanter, second segment de la patte, est lui-même divisé en deux segments (4). De plus, sur les ailes, on ne peut observer une cellule costale puisque les nervures du costa et du sous-costa de l’aile se retrouvent confondues (4). Quant à la famille des Ichneumonidés, la plus grande famille chez les hyménoptères avec environ 60 000 espèces (5), on peut la différencier de la famille des Braconidae grâce à leurs ailes. En effet, chez la plupart des Ichneumonidés, on observe deux nervures «m-cu» (1m-cu et 2m-cu) sur l’aile antérieure (4).
L’identification de l’espèce P. grandis au sein du genre Protichneumon, elle, est relativement difficile à faire, due à sa grande variation morphologique. Dans le cas du spécimen à l’étude, présenté dans les photos de cet article, l’identification s’est faite grâce au manuel Marshall (p.545) (11) ainsi qu’en le comparant aux autres spécimens présents dans la Collection Entomologique Ouellet-Robert (QMOR). Puisque, tel que mentionné plus haut, P. grandis est la seule espèce de son genre au Québec, seuls des spécimens de cette espèce dans la collection démontraient une similarité morphologique presque parfaite avec le spécimen à l’étude.
Quant à l’identification du sexe du spécimen, ceux présents dans la Collection Entomologique Ouellet-Robert démontre que l’espèce P. grandis est caractérisée par un important dimorphisme sexuel. En effet, sans la notion de sexe, les mâles et les femelles semblent appartenir à des espèces différentes. Le mâle est reconnaissable par la portion intermédiaire de ses antennes, d’un blanc caractéristique. Son gastre, lui, est droit. La femelle P. grandis, elle, possède des antennes noires et beaucoup plus longues que celle du mâle. Les derniers segments de son gastre sont recourbés afin de permettre le forage de substrat menant au parasitisme de leurs hôtes (voir section Écologie).
Répartition géographique :
Protichneumon grandis possède une répartition géographique assez grande. Bien que faisant partie d’un genre holarctique, cette espèce est exclusivement néarctique. Elle s’étend du Québec à la Colombie-Britannique, mais est également présente dans plusieurs états américains: Floride, Kansas, Oregon, Nouveau-Mexique, etc. (6,7) Sa répartition est donc similaire à celle de son hôte (8) (voir section Écologie).
Écologie :
Il est bien connu que les parasitoïdes ont besoin d’hôtes dans lesquels pondre leurs œufs. Les femelles P. grandis, elles, utilisent comme hôte Dryocampa rubicunda Fabricius 1793 (Lepidoptera: Saturniidae) (6,7), aussi connu sous les noms vernaculaires Rosy Maple Moth (anglais) et Anisote de l’érable (français). Ce papillon est facilement reconnaissable par sa coloration éclatante, majoritairement jaune et rose (photo ci-haut). Ce qu’il y a d’intéressant avec cette association hôte-parasitoïde, c’est que les espèces du genre Ptotichneumon utilisent normalement des espèces de lépidoptères sphingidae (6,7) comme hôtes. Or, l’anisote de l’érable, tel que mentionné précédemment, est un membre de la famille des saturniidés (8). L’explication du transfert de famille hôte chez P. grandis tient donc dans le fait que D. rubicunda est sphingiforme (6,9). En effet, les saturnidés ceratocampines, dont fait partie l’anisote de l’érable, ont un développement larvaire très similaire à celui des sphingidae, tant au niveau anatomique que comportemental (9). La larve de D. rubicunda est donc assez similaire aux larves sphingidés pour être acceptées comme hôtes par Protichneumon grandis.
Références :
- http://bugguide.net/node/view/338092
- https://www.mffp.gouv.qc.ca/publications/forets/fimaq/collections/liste-hymenopteres.pdf
- http://www.discoverlife.org/proceedings/0000/6/html/Ichneumonidae.html
- http://www.cegep-ste-foy.qc.ca/profs/gbourbonnais/entomo/hymenopteres_2.pdf
- http://www.ichneumonoidea.name/
- http://lepidopteraresearchfoundation.org/pdf/pdf33/33-001.pdf
- http://eol.org/pages/16348431/overview
- http://eol.org/pages/503873/détails
- http://books.google.ca/books?id=wTNnPaLszyQC&pg=PA265&lpg=PA265&dq=ceratocampine&source=bl&ots=AunytybH5s&sig=DEPkBmY3dLgB1lZ836Qcu8CE9cw&hl=fr&sa=X&ei=u0tJVOjeGYW1yATwy4DgBg&ved=0CB0Q6AEwAA#v=onepage&q=ceratocampine&f=false
- http://www.amentinst.org/GIN/morphology.php
- MARSHALL, S.A. Insects, their natural history and diversity, Firefly Books, 2006, Ontario, 718 p.