Therion fuscipennis (Norton 1863)
Par Mélissa NIRAVONG et Dominique HORRELL
Texte et photographies © 2017 CC BY-SA 4.0, les auteurs
Classification
Classe: Insecta
Ordre: Hymenoptera
Super-famille: Ichneumonoidea
Famille: Ichneumonidae
Sous-famille: Anomaloninae
Tribu: Gravenhorstiini
Genre: Therion
Espèce: T. fuscipennis
L’identification
L’espèce Therion fuscipennis, membre de la famille des Ichneumonidae, plus grande famille de l’ordre des Hymenoptera, est reconnaissable, entre autres, grâce à ses ailes. En effet, cette espèce, en plus de présenter les crochets caractéristiques de leur ordre sur les ailes postérieures, a un complexe complet de nervures, se rendant donc de la base de l’aile jusqu’à l’extrémité de celle-ci et présentant des cellules fermées. De plus, une autre caractéristique des ailes de ce genre est l’aréole, qui est ouverte, donc qui semble ne faire qu’un avec la cellule terminale située la plus antérieurement sur l’aile.
De plus, conformément aux autres membres de sa famille, T. fuscipennis présente un abdomen aplati latéralement qui est caractérisé par ses terga métasomiques 2 et 3 séparés par une jonction flexible et un étranglement important et facilement observable de ceux-ci, accentuant l’effet de la taille marquée du sous-ordre des Apocrita, leur permettant de replier et tordre l’abdomen sous leur corps, ainsi que des antennes composées de plus de 16 flagellomères.
T. fuscipennis est reconnaissable également grâce à la forme de son oviscapte, un organe permettant la ponte des œufs. L’oviscapte est seulement présent chez la femelle et est un petit conduit fin d’une couleur tirant sur le brun-orangé, bordé de chaque côté par un cerque brun foncé.
Les deux premières paires de pattes sont d’un jaune tournesol, alors que la troisième paire présente une alternance de couleurs, allant du noir au jaune, en passant par un brun-orangé, s’agençant parfaitement avec le dégradé présenté sur l’abdomen. De plus, la présence abondante de poils sur le thorax aide également l’identification de T. fuscipennis.
L’identification de la famille a été effectuée à l’aide d’une clé d’identification retrouvée dans l’ouvrage Borror and Delong’s Introduction to the Study of Insects (Triplehorn & Johnson, 2004). La tribu a ensuite été identifiée grâce à une clé d’identification comprise dans la publication Syllabus for Ichneumonidae (Wahl, 2000). Enfin, on a identifié l’espèce en consultant la collection entomologique Ouellet-Robert de l’Université de Montréal.
La répartition géographique des Ichneumonidae
On retrouve la famille des Ichneumonidae, laquelle compte au moins 60 000 espèces, sur tous les continents. Or, cette famille prédilectionne un climat froid et humide, plutôt qu’un climat chaud et sec. Les Ichneumonidae sont plus abondants dans l’est du palaéarctique ainsi que l’est du néarctique (Minister of Supply and Services Canada, 1993), lequel comprend les Laurentides (la région où le spécimen a été capturé). L’espèce Therion fuscipennis se disperse au Canada, aux États-Unis et au Mexique (Yu, 1997).
Le sexe chez les Ichneumonidae
Chez plusieurs espèces, le mâle, coquin, se faufile derrière la femelle, puis la tapote au moyen de ses antennes pour signaler ses intentions (c’est une technique de drague qu’on aime bien surnommer «L’Ado»). Chez d’autres, le mâle, provocateur, ne craint point d’approcher la femelle de face, tout en tentant d’attirer l’attention de ladite femelle en faisant vibrer ses ailes. Le mâle, au sein de la famille des Ichneumonidae, démontre une tendance à se positionner derrière ou par-dessus la femelle, plutôt que sur le côté lors de la copulation; souvent, le mâle caresse la femelle à l’aide de ses antennes. La copulation est brève; généralement, elle ne dure qu’entre une et dix minutes. La plupart des Ichneumonidae sont arrhénotoques: les œufs haploïdes non-fertilisés produisent des mâles, alors que les œufs diploïdes fertilisés engendrent des femelles. Certaines espèces sont thélytoques; des femelles diploïdes sont produites à partir d’œufs non-fertilisés. Les espèces dites thélytoques ne comportent point de mâle. D’autres encore sont deutérotoques; les œufs non-fertilisés de ces espèces produisent des mâles et des femelles (American Entomological Institute, 2002).
Le cycle de vie de Therion fuscipennis
Chez les Ichneumonoidea parasitoïdes, on retrouve les idiobiontes, ectoparasitoïdes ou endoparasitoïdes des nymphes, ainsi que les koïnobiontes, majoritairement endoparasitoïdes. Contrairement aux koïnobiontes, les idiobiontes usent de paralysie pour subjuguer leur hôte, inhibant alors le développement dudit hôte (Quicke, 2015, p. 89).
Therion fuscipennis est une guêpe endoparasitoïde; la femelle pond un œuf unique à l’intérieur d’un hôte. L’hôte spécifique à Therion fuscipennis est Acronicta impressa, un papillon de nuit de la famille des Noctuidae. C’est dans la nymphe du papillon de nuit, à l’abri du climat hivernal, que se développe la progéniture de la guêpe (Shaffner et Griswold, 1934, p. 147). La nymphe des papillons est nommée chrysalide. Durant ce stade de métamorphose, l’insecte est liquéfié, puis reconstitué en son stade final – en adulte (Provancher, 1877, p. 80). Or, un destin plus tragique guette la nymphe victime d’un parasitoïde; soupe de ce dernier, elle deviendra! En effet, la larve de la guêpe s’accroît à l’intérieur de la nymphe du papillon de nuit en s’alimentant de ladite nymphe jusqu’à la mort de celle-ci. De la carcasse nymphale émerge un imago hyménoptère – une guêpe adulte (Fontenelle Forest, 2008).
Le cycle de vie des insectes comporte plusieurs stades; de l’œuf, émerge la larve qui se développe jusqu’à la nymphe, de laquelle jaillit l’imago – l’adulte. Le stade de développement de l’hôte prisé varie pour chaque espèce de parasitoïde. Plus tôt le parasitoïde attaque l’hôte dans son stade de développement, plus grandes sont les probabilité pour ledit parasitoïde de rencontrer un hôte propice à la ponte des œufs; plus l’hôte progresse dans son cycle de vie, plus ledit hôte est caché, dissimulé, afin de s’abrite pour l’hiver. Or, les chances de survie de la descendance des parasitoïdes accroissent plus l’hôte a acheminé son cycle de vie avant l’attaque; ladite descendance encontre moins de stress associée à la spécification de l’hôte. En outre, un hôte plus crû, de taille plus considérable, est une source de ravitaillement plus importante. Les parasitoïdes optant pour des hôtes qui se situent à l’aube de leur cycle de vie produisent plus d’œufs, puisqu’ils trouvent avec plus d’aisance un hôte adéquat pour la ponte – ils peuvent donc parasiter plus d’individus. Ils compensent ainsi pour le plus faible taux de survie – celui-ci augmente avec l’âge de l’hôte (Price, 2003, p. 196-201).
Une application des Ichneumonidae : la lutte biologique
La lutte biologique, c’est l’emploi d’organismes vivants – ou de dérivés desdits organismes – pour remédier aux espèces nuisibles (Brodeur, 2016). Certaines espèces d’Ichneumonidae sont utilisées pour contrer des Lépidoptères (papillons) phytophages nuisibles. Par exemple, Diadegma semiclausum, une guêpe parasitoïde, est un agent de lutte biologique employé pour contrôler les populations de Plutella xylostella, une espèce dont la larve (chenille) est ravageuse du chou chinois Brassica chinensis L. Lors d’une étude réalisée par Amend et Mangali (1992), D. semiclausum a été relâché de façon hebdomadaire dans des fermes dans le Nord de l’île de Luçon aux Philippines jusqu’à implantation. Une à trois semaines après avoir libéré les guêpes, les premières nymphes descendant desdites guêpes ont été détectées à l’intérieur des chenilles ravageuses des champs de chou chinois. Les guêpes se sont ensuite dispersées – les ratios d’individus parasités ont atteint entre 60% et 90%. On use des guêpes parasitoïdes en lutte biologique pour inhiber la dissémination de l’espèce nuisible en anéantissant la métamorphose des individus parasités en adultes dotés d’une capacité reproductrice.
Références
- Amend, J. & Mangali, T. (1992). Field release of the parasitoid Diadegma semiclausum (Hellen) (Hymenoptera:Ichneumonidae) against Plutella xylostella (L.) (Lepidoptera:Yponomeutidae) in seed pechay in Nother Luzon [Philippines]. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Résumé repéré à agris.fao.org/agris-search/search.do?recordID=PH9311332a
- American Entomological Institute. (2002). Genera Ichneumonorum Nearcticae. Repéré à www.amentinst.org/GIN/
- Brodeur, M. (2016). La lutte biologique [Diapositives PowerPoint].
- Fontelle Forest. (2008). Therion sp. Repéré à www.fnanaturesearch.org/index.php?option=com_naturesearch&task=view&id=1773
- Goulet, H. & Huber, J. T. (1993). Hymenoptera of the word: An identification guide to families. Ottawa, Canada: Canada Communication Group.
- Griswold, C. L. & Schaffner, J. V. (1934). Macrolepidoptera and Their Parasites Reared from Field Collections in the Northeastern Part of the United States. Washington, DC, États-Unis: United States Department of Agriculture.
- Price, P. W. (2003). Macroevolutionary Theory on Macroecological Patterns. Cambridge, Royaume-Uni: Cambridge University Press.
- Provancher, L. (1877). Petite faune entomologique du Canada. Québec, Canada: Des presses de C. Darveau.
- Quicke, D. L. J. (2015). The Braconid and Ichneumonid Parasitoid Wasps: Biology, Systematics, Evolution and Ecology. Oxford, États-Unis: Wiley Blackwell.
- Triplehorn, C. A. & Johnson, N. F. (2004). Borror and Delong’s Introduction to the Study of Insects. Australie: Thomson, Brooks/Cole.
- Wahl, D. (2000). Syllabus for Ichneumonidae. Maryland, États-Unis: University of Maryland.
- Yu, D. S. K. (1997). Therion fuscipenne (Norton, 1863). Repéré à www.taxapad.com/local.php?taxonidLC=90181837