Trigonarthris proxima (Say 1824)
Par Zoila CHAMPA SCHWARTZ et Vivianne FORGET
Photos réalisées par Zoila Champa Schwartz et Vivianne Forget
Le spécimen a été capturé à la main, le 1r septembre 2016 à la Station de biologie des Laurentides.
Classification
Ordre : Coleoptera
Famille : Cerambycidae
Sous-famille : Lepturinae
Genre : Trigonarthris
Espèce : T. proxima
Identification
Afin d’identifier notre spécimen, nous avons utilisé un livre d’identification d’insectes du Québec. Tout d’abord, la présence d’élytres ainsi que la présence de pièces buccales de type broyeur est représentatif de l’ordre Coleoptera et ces caractéristiques se retrouvent chez notre spécimen. Ensuite, la famille des Cerambycidae se confirme en grande partie par la longueur des antennes. Celles-ci sont soit plus grandes ou égales à la moitié du corps et correspond à l’insecte observé. En fait, ces insectes sont communément appelés longicornes due à cette caractéristique (Monné, 2009). Ensuite, notre spécimen fût associé à la sous-famille des Lepturinae. Celle-ci est souvent caractérisée par la présence « d’épaules » car le protonum se ramifie à la base de l’élytre de l’insecte (Bugguide, 2003-2016). Étant donné que le guide d’identification utilisé s’arrête à la sous-famille, nous avons pu en profiter pour voir la collection spectaculaire d’insectes de la Collection Ouellet-Robert. Nous avons alors comparé différents spécimens de Lepturinae retrouvés dans la collection jusqu’à un seul genre : Trigonarthris.
Finalement, il ne manquait plus qu’à déterminer l’espèce. Ce fût une tâche difficile car l’identification ne pouvait se faire que visuellement et deux espèces se ressemblent particulièrement ; Trigonarthris proxima et Trigonarthris minnesotana. Toutefois, le dernier sternite sur l’abdomen des ces deux espèces est différent. Chez Trigonarthris minnesotana, le dernier sternite de l’abdomen est échancré à son extrémité (Gorton Linsley et Chemsak, 1976), ce qui n’est pas le cas pour notre spécimen. Ce dernier est donc Trigonarthris proxima.
Anatomie externe
Dans les espèces appartenant à la famille des Cerambycidae, on peut retrouver les plus petits mais aussi les plus gros coléoptères connus dans le monde (Gorton Linsley, 1959). Toutefois, Trigonarthris proxima mesure en moyenne entre 15mm à 19mm (Chagnon, 1962). La majorité des espèces appartenant au genre Trigonarthris possèdent un corps allongé, cylindrique. Ceux-ci ont certains caractères clés importants servant à les différencier des autres familles d’insectes.
Au niveau de la tête (Figure 2), on y retrouve des pièces buccales de type broyeur sur la tête allongé et inclinée vers le bas (Gorton Linsley et Chemsak, 1976). Les antennes sont noir, minces, rarement épaisses, et elles sont soit plus longues ou égales à la moitié de leur corps. Ces antennes prennent d’ailleurs naissance dans l’échancrure des yeux.
Au niveau du thorax (Figure 3), celui-ci possède une paire d’élytres parallèles ou graduellement rétrécies jusqu’à la base. Le prothorax est plus étroit à l’extrémité (Chagnon, 1962). Chez Trigonarthris proxima, leurs élytres sont dans des teintes jaunâtres avec l’extrémité noire. L’extrémité des élytres sont tronquées de manière soit carré ou oblique et les angles de ces troncatures peuvent être épineux. Leur pronotum est noir avec une longue pubescence jaune, c’est-à-dire qu’il est couvert d’un fin duvet de poils.
On peut difficilement différencier une femelle d’un mâle pour Trigonarthris proxima simplement à première vue. En fait, on caractérise de plus robuste les femelles (Gorton Linsley et Chemsak, 1976). Les antennes des femelles sont légèrement plus longues que la moitié des élytres. L’extrémité du dernier sternite ou métamère (Figure 4) au niveau de l’abdomen des femelles est plus rond, contrairement au mâle qui est davantage pointu.
Distribution géographique
La famille des Cerambycidae est distribué partout à travers le monde et dans la plupart des habitats, que ce soit en très haute altitude dans les montagnes ou à basse altitude au niveau de la mer (Monné et al., 2008). Le genre Trigonarthris est répertorié dans l’est de l’Amérique du nord, et aucune espèce de ce genre n’a été trouvée ailleurs. Ceux-ci se retrouvent au Canada et aux États-Unis. D’ailleurs, on peut retrouver l’espèce Trigonarthris proxima dans les provinces de Manitoba, Ontario, Québec et de la Nouvelle-Écosse au Canada (Bousquet, 1991) et au Missouri et Lake George (New York) aux États-Unis (Gorton Linsley, 1976).
Biologie et comportement
Comme il existe peu de documentations sur cette espèce d’insecte en particulier, on peut davantage parler de la sous-famille des Lepturinae. Ceux-ci sont polyphages et utilisent en générale comme hôte des angiospermes ou gymnospermes (Gorton Linsley, 1959). Au stade larvaire, ils vont se nourrir de bois en décomposition (Gosling, 1986). Les espèces adultes quant à elle se nourrissent à partir des fleurs. Ceux-ci peuvent démontrer une préférence pour des espèces de fleurs distinctes. Par exemple, les Lepturinae vont être davantage attirés vers des fleurs au soleil. Ils consomment le nectar, le pollen et ou encore le stamen des fleurs. D’ailleurs, si on observe attentivement leur anatomie (tête longue et allongé vers le bas et des maxillaires couvertes de poils) cela peut représenter des adaptations qui se seraient développées dans le but d’extraire plus facilement le pollen et le nectar des fleurs. Comme la plupart des insectes visitant les fleurs, les Lepturinae utilisent le mimétisme batésien. Ce dernier s’exprime chez ce groupe par leur corps allongé et une coloration plus vive. On les retrouve par conséquent au printemps et en été. On peut associer Trigonarthris proxima avec les plantes et fleurs suivantes ; Ulmus americana, Asclepias syriaca, Daucus carota, Heracleum maximales, Sambucus canadensis, Sorbaria sorbifolia, Spiraea alba, Thalictrum dasycarpum (Gosling et Gosling, 1986).
Chez les Lepturinae, la copulation a lieu durant le jour (Gorton Linsley, 1959). La reproduction est assez commune à tous les Cerambycidae. Les mâles ont des sens olfactifs sur leur antennes, ce qui leur permettent de détecter les femelles. D’ailleurs, les Lepturinae démontrent des comportements sexuels différents selon leur espèce (Michelsen, 1963). La femelle peut être stimulé par le mâle de différentes manières. Ces derniers comprend la stimulation par le léchage, par tapage sur les élytres de la femelle ou encore une combinaison des deux, Une autre stratégie serait d’agripper l’antenne de la femelle. Le mâle peut démontrer son excitement en bougeant ses antennes.
Un autre fait surprenant concernant les Lepturinae: ils peuvent produire des sons (Gorton Linsley, 1959)! En effet, en frottant l’intérieur du bord postérieur du prothorax et une région striée du mésotonum, ceux-ci sont capable de produire du bruit. Le but de ce comportement reste encore inexpliqué. Plusieurs hypothèses ont été décrites. L’une d’entres elles démontre que lorsqu’un lepturiné se fait capturer, il produit du bruit afin de se défendre. Une autre théorie explique que le bruit est lié à la recherche d’un partenaire sexuel. La dernière théorie explique que certains lepturinés tentent d’imiter le son d’autres insectes, comme des abeilles, pour se protéger et faire peur au prédateur.
Références
Bousquet, Y., 1991. Checklist of beetles of Canada and Alaska. Éditions Agriculture Canada, Ontario, 259-301 p.
Chagnon, Gustave, 1962. Principaux coléoptères du Québec 2e édition, Département de Biologie de l’Université de Montréal, Montréal. 237-248.
Gorton Linsley, E. et J. A. Chemsak, 1976. Cerambycidae of North America, Part VI, no 2 : Taxonomy and classification of the subfamily Lepturinae, University of California press, 80 : 162-166.
Gosling, D. C. L. et N. M. Gosling, 1977. An annotated list of the Cerambycidae of Michigan (Coleoptera) part II, the subfamilies Lepturinae and Lamiinae. The Great Lakes Entomologist; The Michigan Entomological Society, 10 (1) : 1-15.
Gosling, D. C. L. et N. M. Gosling, 1986. Ecology of the Cerambycidae (Coleoptera) of the Huron Nountains in northern Michigan. The Great Lakes Entomologist; The Michigan Entomological Society, 19 (3): 153-162.
Identification, Images, & Information pour les insectes, les araignées et leur Kin Pour les États-Unis et Canada. Repéré à http://bugguide.net/node/view/15740
Mccorquodale, D. B., J. M. Brown et S. A. Marshall, 2007. A decline in the number of long-horned wood boring beetle (Coleoptera : Cerambycidae) species in Ontario during the 20th century? JESO, 138 : 107–135
http://www.entsocont.ca/uploads/3/0/2/6/30266933/138_107_135.pdf
Michelsen, A., 1963. Observations on the sexual behaviour of some longicorn beetles, subfamily Lepturinae (Coleoptera, Cerambycidae). Behaviour, Vol 22 : 152-166 http://booksandjournals.brillonline.com/content/journals/10.1163/156853963×00338
Monné, M. A. et L. G. Bezark., 2009. Checklist of the Cerambycidae, or longhorned beetles (Coleoptera) of the western hemisphere. BioQuip Publications, Rancho Dominguez, CA. Nouveau Monde Cerambycidae Catalogue. Repéré à
https://apps2.cdfa.ca.gov/publicApps/plant/bycidDB/wdefault.asp?w=
Ray, A. M., R. A. Arnold, I. Swift, P. A. Schapkerm, S. McCann, C. J. Marshall, J. S. McElfresh et J. G. Millar, 2014. Desmolactone is a sex pheromone or sex attractant for the endangered valley elderberry longhorn beetle Desmocerus californicus dimorphus and several congeners (Cerambycidae: Lepturinae). Repéré à
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4270785/
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