Nicrophorus tomentosus (Weber 1801)

Nicrophorus tomentosus (Weber 1801)

Le Nécrophore à thorax tomenteux; The Gold-necked carrion beetle

Par Roxanne BRUNELLE et Audrey MARTEL (édité par Étienne Normandin)

 Texte et photographies ©2014 CC BY-SA 4.0, les auteurs

 

Figure 1 : Nicrophorus tomentosus
Figure 1 : Nicrophorus tomentosus

Classification (Myers et al., 2015)

Ordre Coleoptera

     Super-famille  Staphylinoidea

          Famille Silphidae

               Sous-Famille Nicrophorinae

                    Genre Nicrophorus

                         Espèce Nicrophorus tomentosus

 

Découverte

Cette espèce a été découverte en 1801 par Friedrich Weber, un entomologiste allemand qui a écrit la première description de plusieurs insectes dans ses ouvrages. Le nom de Necrophorus est un mot latin qui signifie «transporteur de mort», alors que tomentosus signifie «couvert de petits poils». Étant un insecte qui transporte des petits animaux morts et dont le pronotum est recouvert de poils dorés, il porte bien son nom (inaturalist.org). C’est à l’aide de ce dernier critère que nous avons pu identifier notre espèce.

Anatomie externe

La famille des Silphidae présente certains caractères communs à toutes (ou presque) ses espèces. Entre autres, ils ont des antennes en onze articles, positionnées en périphérie de la tête de chaque côté. Les espèces sont presque toutes de couleur noire, mis à part quelques espèces de Nicrophorus qui présentent des taches orangées sur les élytres. (Wyss et Cherix, 2006, p.124) Parmi ces espèces, seule N.tomentosus a les pattes et les antennes complètement noires. De taille moyenne, variant entre dix et vingt millimètres, son pronotum est couvert de courts poils dorés qu’il est le seul à posséder. Ses antennes plissées (Figure 2) sont des organes sensoriels principalement olfactifs servant à repérer des carcasses (inaturalist.org).

Nicrophorus tomentosus passe la journée caché dans le sol et ne sort qu’au crépuscule ou durant la nuit. Bien qu’il soit noir et orange, le dessous des élytres est jaune (Figure 2) et lui permet de faire de l’aposématisme pour éviter la prédation. Lors de ses rares déplacements diurnes, ce coléoptère a la particularité de pouvoir exposer son thorax poilu. En vol, son thorax jaune donne l’impression d’avoir à faire à un bourdon (Heinrich, 2012).contrairement à N. tomentosus, les autres espèces ne possédant pas ce mode de camouflage peuvent rentrer dans un état catatonique (faire le mort) et éviter la prédation (Milne et Milne, 1944).

Figure 2 : A - Vue ventrale des élytres jaunes. B - Antennes plissées. C - Pronotum couvert de poils dorés.
Figure 2 : A – Vue ventrale des élytres jaunes. B – Antennes plissées. C – Pronotum couvert de poils dorés.

Distribution géographique

Originaires des États-Unis et du Canada, les différentes espèces de Nicrophorus se concentrent dans l’est et le centre des États-Unis, sauf en Floride et dans le sud du Texas où il n’y a aucune espèce de ce genre. On peut également les trouver dans l’est et le centre du sud du Canada. Il s’agit de coléoptères n’aimant pas les températures trop froides ou trop chaudes, c’est pourquoi ils vivent principalement dans les forêts tempérées de l’hémisphère nord. Certaines espèces vivent également dans les prairies et une seule, N. vespilloidae, trouve refuge dans les tourbières. N. tomentosus est une espèce de forêt vivant dans toutes les contrées énumérées ci-haut (Houck, 2012).

Biologie et comportement

Étant nécrophage, il arrive qu’une même carcasse soit prisée par plusieurs coléoptères du genre Nicrophorus. Si la charogne est assez grosse, ils peuvent se la partager. Si toutefois, l’animal prisé par les insectes est trop petit, le plus gros chassera les autres afin de garder le butin pour lui et les membres de son espèce. Avant de manger, N. tomentosus asperge la carcasse d’une sécrétion anale ou orale qui joue le rôle d’antifongique et d’antibiotique (inaturalist.org).

Le cycle de vie de N. tomentosus est complexe. Tout d’abord, le mâle doit trouver une carcasse qu’il détectera à l’aide de ses antennes et de ses palpes. Il sécrètera des phéromones pour attirer une femelle avec qui il copulera. Le couple doit ensuite trouver un bon endroit où enterrer la carcasse. Parfois, l’endroit même où se trouve la dépouille est adéquat, sinon l’un des partenaires se charge de déplacer le cadavre en suivant les indications de l’autre, qui cherche activement un sol adéquat. En général, les poils et les plumes sont retirés, puis l’organisme est enterré. Il s’agit d’un long processus de cinq à huit heures (Milne et Milne, 1944) où les insectes doivent creuser avec leur tête sous le morceau de chair, future nourriture de leur progéniture. Peu à peu, la charogne s’enfonce dans le sol. Une fois assez profond, les coléoptères recouvrent leur travail avec des feuilles et de la litière. Le couple va ensuite se reposer dans une chambre souterraine adjacente au cadavre où la femelle pondra un nombre d’œufs proportionnel à la taille du goûté. Pendant l’incubation, les parents restent dans la chambre où la couvée se trouve pour la maintenir en bon état et font des allers-retours entre cette pièce et celle où se trouve la carcasse afin de la préserver.

Au bout de quatre jours, les œufs éclosent. La femelle stridulera à l’aide de ses élytres pour attirer les larves dans la chambre où est conservée la carcasse. Le couple va alors régurgiter la viande prédigérée pour nourrir les larves. Quelques jours après, le mâle quitte le nid, laissant les larves aux bons soins de la femelle. Si le mâle ne s’en va pas, la femelle le chasse ou le tue. Celle-ci quittera également les larves quand celles-ci pourront se nourrir directement de la carcasse. Une fois que la nourriture est épuisée, les larves changent de pièce et retournent dans celle où elles étaient sous forme d’œuf et vont entamer la métamorphose, c’est-à-dire la pupe, jusqu’au stade adulte. Après l’éclosion de la pupe, les adultes sortent de la terre et partent à la recherche d’une carcasse à leur tour afin de se reproduire (Figure 3)(Ebert, ND; Meierhofer, Schwarz et Muller, 1999).

 

Figure 3 : Cycle de vie similaire à celui de Nicrophorus tomentosus (Meyer, 2015)
Figure 3 : Cycle de vie similaire à celui de Nicrophorus tomentosus (Dakuhippo 2011, CC-BY-SA 3.0 – Meyer 2015)

 

Références

Ebert, S. (ND). Nicrophorus reproductive behavior. Retrieved October 20, 2015

Heinrich, B. (2012). Northeastern Naturalist, Volume 19, Number 2 (2012): 345–352. Retrieved October 20, 2015

Houck, M. A. (2012). Mites: Ecological and Evolutionary Analyses of Life-History Patterns. Springer Science & Business Media.

iNaturalist.org · Tomentose Burying Beetle (Nicrophorus tomentosus). (n.d.). Retrieved October 20, 2015

Meierhofer, I., Schwarz, H. H., & Muller, J. K. (1999). Seasonal variation in parental care, offspring development, and reproductive success in the burying beetle, Nicrophorus vespillo. Ecological Entomology, (24), 73–79.

Meyer, C. (2015). nécrophores – Dictionnaire des Sciences Animales. Retrieved October 20, 2015

Milne, L. J., & Milne, M. J. (1944). Notes on the Behavior of Burying Beetles (Nicrophorus spp.). Journal of the New York Entomological Society, 52(4), 311–327.

Myers, P., Espinosa, R., Parr, C. S., Jones, T., Hammond, G. S., & Dewey, T. A. (2015). ADW: Nicrophorus: CLASSIFICATION. Retrieved October 20, 2015

Wyss, C., & Cherix, D. (2006). Traité d’entomologie forensique: Les insectes sur la scène de crime. PPUR presses polytechniques.

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