Neogalerucella pusilla (Duftschmid 1825)

Neogalerucella pusilla (Duftschmid 1825)

The Purple Loosestrife beetle

Par Viviane BELLE-ISLE

Texte et photographies ©2016 CC BY-SA 4.0, Viviane Belle-Isle

Spécimen de Neogalerucella pusilla capturé à la Station de biologie des Laurentides le 3 septembre 2015.

Classe : Insecta

Ordre : Coleoptera

Sous-Ordre : Polyphaga

Infra-ordre : Cucujiformia

Super-famille : Chrysomeloidea

Famille : Chrysomelidae

Sous-famille : Galerucinae

Genre : Neogalerucella

Espèce : Neogalerucella pusilla

Neogalerucella pusilla appartient à la famille des Chrysomèles, souvent surnommées «Leaf beetles», plus précisément à la sous-famille des Galerucinae. Les Chrysomèles regroupent au-delà de 30 000 espèces décrites, ce qui en fait l’une des familles les plus importantes des coléoptères, qui sont toutes phytophages, se nourrissant principalement au niveau du tissu foliaire des plantes. Plusieurs espèces de cette famille sont considérées comme nuisibles attaquant certaines plantes cultivées par l’homme, c’est le cas de la Chrysomèle rayée du concombre (Acalymma vittatum) ou encore la Chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera). Les Galerucinae sont l’une des sous-famille les plus importantes des Chrysomèles et se retrouvent dans la majorité des parties du monde. Le genre Neogalerucella compte quatre représentants en Amérique du Nord, dont deux sont indigènes. N. pusilla ainsi que N. calmarensis ont toutes deux été introduites en Amérique du Nord au début des années 1990 comme moyen de lutte biologique contre la salicaire pourpre (Lythrum salicaria), une plante envahissante dans les milieux humides.

Morphologie et identification

Présence de reflets métalliques dorés et de poils fins sur les élytres.

Neogalerucella pusilla est un coléoptère de petite taille, mesurant entre 4 et 6 mm. Il présente une coloration dans les teintes de brun pâle avec des reflets métalliques dorés au niveau des élytres, ce qui lui vaut le surnom de «golden purple loosestrifes beetle». Les élytres sont ponctués finement et portent de petits poils. L’espèce se distingue de N. calmariensis, qui lui est très semblable, par l’absence de bandes noires sur la marge des élytres. La larve est de couleur jaune avec la tête noire ressemblant à une petite chenille.

L’identification de la famille et de la sous-famille ont été rendues possible grâce à la clé pour les familles de coléoptères présentée dans Les insectes de l’Amérique du Nord de Borror. L’un des indices principales ayant permis d’identifier la famille est la formule des tarses, soit 4-4-4, et le troisième segment lobé. La suite de l’identification à été plus difficile puisqu’il s’agit d’une espèce introduite, elle n’apparaissait donc pas dans les clés traditionnelles pour les Galerucinae de l’Amérique du Nord. Les clés d’identification traditionnelle pour les espèces d’Amérique du Nord, nous on d’abord permis de trouver le genre Galerucella, mais aucune espèce de ce genre ne correspondait au spécimen. À partir de celui-ci nous avons pu trouver le nom Galerucella pusilla, un nom alternatif pour N. pusilla, le genre Neogalerucella n’étant pas reconnu dans l’ensemble de la littérature.

Cycle de vie

Comme plusieurs autres espèces de chrysomèles, N. pusilla démontre une certaine spécificité pour la plante hôte, l’ensemble de son cycle de vie se déroulant en lien avec la salicaire pourpre (L. salicaria). Les adultes passent l’hiver dans la litière directement sous ou à proximité des plants de salicaires. Ils émergent de leur hibernation au printemps au même moment où les premiers plants font leur apparition, généralement au début du mois de mai. Les adultes se nourrissent alors sur le jeune tissu foliaire pour une période d’une semaine avant de s’accoupler. La période de ponte s’étend sur plusieurs semaines débutant vers la fin mai jusqu’à la fin juin, une femelle peut pondre plus d’une centaine d’oeufs au cours de sa vie, à raison de 1 à 10 oeufs par ponte. Les oeufs sont posés sur les feuilles ou les tiges de la plante sur laquelle les larves pourront par la suite se nourrir.

À l’éclosion, environ une semaine après la ponte, les larves se nourrissent des bourgeons de la plante pour par la suite se nourrir également des feuilles et des tiges lorsqu’elles deviennent plus grosses. La larve passe à travers 4 stades avant de se diriger dans la litière pour faire sa nymphose qui dure autour de 30 jours. La nouvelle génération d’adulte émerge entre le début juillet et le début août. Les nouveaux individus se nourrissent alors pendant une certaine période de temps avant de regagner la litière pour passer l’hiver. Bien que certains individus de la nouvelle génération puissent atteindre la maturité sexuelle avant la fin de l’été, les conditions climatiques ne permettent pas d’avoir plus d’une génération par années.

Agent de contrôle biologique

Par US Department of Transportation - Individual photographer seemingly uncredited. [Public domain], via Wikimedia Commons
Par US Department of Transportation – Individual photographer seemingly uncredited. [Public domain], via Wikimedia Commons

Neogalerucella pusilla est une espèce originaire d’Europe et d’Asie qui a été introduite en Amérique du Nord une première fois en 1994, puis une deuxième en 2004. Elle a d’abord été introduite comme moyen de lutte biologique contre la salicaire pourpre, au même moment que N. calmariensis ainsi qu’Hylobius transversovittatus et Nanophyes marmoratus. La salicaire pourpre est une plante vivace de milieux humides provenant d’Europe, celle-ci a été introduite en Amérique du Nord au début du 19eme siècle par les bateaux de marchandise européen. L’absence d’ennemi naturel sur le nouveau continent lui avait alors permis de se répandre très rapidement.

Neogalerucella pusilla s’attaque principalement au feuillage de la plante. Les adultes se nourrissent de la feuille entière laissant derrière eux un motif de trou caractéristique à l’espèce. Les larves se nourrissent plutôt de la partie inférieure de la feuille, sans la transpercer complètement, mais peuvent aussi attaquer la tige et les bourgeons. Une colonie de N. pusilla peut ainsi défolier un plant de salicaire pourpre. Bien que l’introduction de l’espèce date d’un peu plus de 10 ans, les résultats directs sont encore difficiles a observés sur les populations de salicaire pourpre.

Références

Borror, D.J., R.E. White (1999) Les insectes de l’Amérique du Nord, Broquet, 408 pages.

Blossey, B. (1995). Coexistence of two leaf-beetles in the same fundamental niche: distribution, adult phenology, and oviposition. Oikos 74, 225– 234.

Grevstad, F.S. (2006) Ten-year impacts of the biological control agents Galerucella pusilla and G. calmariensis (Coleoptera: Chrysomelidae) on purple loosestrife (Lythrum salicaria) in Central New York State. Biological control 39-1, 1-8.

Richard A. Malecki, B. Blossey, S.D. Hight, D. Schroeder, L.T. Kok and J.R. Coulson (1993) Biological Control of Purple LoosestrifeBioScience, Vol. 43, No. 10 (Nov., 1993), pp. 680-686.

Wilson, L. M., M. Schwarzlaender, B. Blossey and C.B. Randall  (2004) Biology and Biological Control of Purple Loosestrife, Morgantown, WV: Forest Health Technology Enterprise Team, 78 p.

Minnesota Departement of Natural Resources. Galerucella calmariensis and G. pusilla (En ligne)(Page consulté le 3 novembre 2015) – http://www.dnr.state.mn.us/invasives/aquaticplants/purpleloosestrife/biocontrol_gc.html

Iowa State University – Departement of Entomology. Family Chrysomelidea (En ligne)(Page consulté le 31 octobre 2015) http://bugguide.net/node/view/180